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ses diatribes contre les Bourbons, et il feignait d’y souscrire parce que le capitaine récompensait les approbations en l’emmenant partout, du matin au soir.

Au reste, le Père Anselme et son mépris fantasque avaient profondément ulcéré l’amour-propre du jeune garçon. L’avoir élevé si proche de ce qu’ils croyaient un but sublime, pour le chasser ensuite comme un faquin de l’intimité offerte, c’était un outrage gratuit et qu’Omer attribuait moins à la vertu ombrageuse du jésuite qu’à ses désirs de domination liturgique, à sa morgue insolente. Sans doute, le Père Anselme avait imaginé tout le drame de la cellule et du confessionnal afin d’humilier le disciple dans ses jeunes ambitions. Ces mœurs étaient habituelles aux fils de saint Ignace. Édouard De Praxi-Blassans avait interprété de la sorte, après réflexion, la conduite extravagante du Père. Aussi le neveu du capitaine Lyrisse ne réfuta guère les raisonnements qui démontraient les crimes de la Congrégation, maîtresse aux Tuileries depuis l’attentat de Louvel, et depuis la retraite, exigée par elle, du ministère Decazes. Jésuites et ultras travaillaient efficacement à détruire l’esprit de la charte, à falsifier la loi.

Omer gardait à ce grand mot une dévotion parfaite. Les leçons du bisaïeul et les propos du général l’avaient instruit à ne rien mettre au-dessus du contrat social. Il en avait toujours su la lettre, s’il en approfondissait peu l’esprit. L’évidence des intentions criminelles attribuées aux jésuites par la grandiloquence du capitaine le confirma dans les mauvaises opinions que ses cousins et lui, naguère, échangeaient. Il lui plut d’avoir été en butte au mépris de gens qui méconnaissaient cyniquement leurs devoirs envers l’homme libre.

Un matin, avec complaisance, il écoutait son oncle commenter de la pire façon l’incident qui avait mis aux prises le curé de village et le vieux soldat découvrant au seuil de sa nièce les souliers ecclésiastiques. Certes