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Caporal en personne, que vous ne passeriez pas ! »

Le voiturier examina l’image et cligna d’un œil.

― Grenadier à cheval ? Demanda le capitaine.

Le vieux soldat fit le salut militaire au portrait impérial de la boîte.

― Moi, j’étais capitaine au 23e dragons, ― dit M. Lyrisse. ― En demi-solde, à présent, pour n’avoir pas voulu saluer le drapeau blanc devant les escadrons d’Eckmühl. Et toi ?

― La garde, mon capitaine : 3e du iii. Brigadier Grégoire.

― Je t’ai reconnu à tes boucles d’oreilles. Parions que tu les portais à Waterloo.

― Vilaine date ! Ah ! les habits rouges nous ont décousus, une fois pour toutes… Couic !…

― Patience ! on prendra sa revanche… Attends ça.

― V’là cinq ans que tous attendent. Les Bourbons font dire par les curés qu’Il est sur une île… Et son petit jeune, quoi qu’il arrange donc en Autriche ?

― Compte sur lui, tout se prépare… Es-tu à l’ordre ?…

― Suffit !

Ayant examiné si personne ne les pouvait apercevoir, le grenadier posa le pied gauche en avant, replia le bras gauche en l’air, et plaça la main droite dans le coude. Immobile, il demeura dans l’attitude symbolique révélant son affiliation.

― Quel âge ?

― Trois ans à l’orient de Douai : la loge des Amis-Réunis.

― Et tu ne demandes pas une augmentation de salaire ? Il faut la demander. Viens demain en visiteur à l’orient d’Arras. Tu connais l’adresse ?

― Oui.

― Tu viendras, frère. Les enfants de la Veuve s’appellent dans toutes les vallées.

― Je viendrai, sûrement. J’ai des frères clients par ici.