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aux mains, et criait qu’on apportât des verres ; puis à tue-tête, il chantait : aux buveurs à trogne rouge il dit : " trinquons à grands coups. vous n’aimez pas le bourgogne ? de champagne enivrez-vous ! " tant que l’on pourra, larirette, on se damnera, larira ! tant qu’on le pourra, l’on trinquera ! quand les Praxi-Blassans furent à Paris, Omer demeura seul avec le bon vivant. Il apprit de lui plusieurs couplets, et s’enivra trois ou quatre fois, pour la gaieté de la tante Caroline, qui riait fort, qui répétait : ― je crois que mon jeune neveu se promène dans les vignes du seigneur !… mais il fut si malade, les lendemains, que la douleur des indigestions et des migraines l’assagit. Ne pouvant suffire aux innombrables obligations de sa richesse agricole et industrielle, Mme Cavrois pria l’oncle Edme, alors à Paris, de venir lui donner un coup de main vers le temps de la moisson. Elle avait toute confiance dans la probité du capitaine. Habitué au commandement, il savait rétablir la discipline parmi les contremaîtres et leurs ouvriers, contraindre les fermiers au paiement, hâter le travail. Il arriva. Tout aussitôt il décida d’enseigner l’équitation à ses neveux qui l’accompagneraient dans ses promenades de surveillance. La paresse de Dieudonné refusa ces fatigues ; mais, en quinze jours, Omer devint un cavalier médiocre. Trottant par les routes, il s’imagina souvent pareil à un templier ; car la science du bisaïeul continuait de lui parvenir en messages volumineux, commentés par le demi-solde.