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tendre, tout son corps vibrer, tout son sang lui bousculer le cœur, et comment il avait caché la pudeur de sa volupté convulsive dans les bras de la servante qui le berça jusqu’à l’apaisement. Ensuite elle avait murmuré à son oreille qu’il ne fallait pas avoir honte, que cela prouvait au contraire qu’il était, à cette heure, un homme.

Tout cela, les saccades de la voix le pressaient de le décrire. Elle l’assaillait de fureurs.

― Il ne fallait pas avoir honte ?… Ah ! Vraiment… C’est trop de turpitude !… Vous qui prétendez à la mitre, à la tiare, au gouvernement du monde !… ha ! Ha ! Vous ne pouvez, dès la première, dès la plus basse tentation, gouverner vos instincts, et vous prétendez à la domination sur les hommes ! Assez ! Assez donc !… allez demander l’absolution à un autre, vous m’entendez : à un autre !

Brutalement le grillage refermé se doubla. Tout fut opaque… Omer écouta reclaquer la porte du confessionnal, et les pas fuir sur la sonorité des dalles…

Il ne comprenait pas. Était-ce un tel crime d’avoir souffert les caresses d’une fille ? Le Père Anselme refusait l’absolution !

Il espéra quelques minutes le bruit qui annoncerait le retour du jésuite. Ce bruit ne se fit pas entendre. C’en était donc fait de cet avenir triomphal et, à l’instant, tout proche ?

Il ne le pensait pas. Une colère subite avait dû momentanément égarer le père, qui reviendrait pour absoudre. L’œuvre de gloire serait accomplie.

Lentement Omer s’achemina, par les corridors, vers l’étude, et revécut cent fois, devant le livre ouvert, tout le drame. Il ne s’expliquait plus rien, ni l’engouement du Père Anselme pour sa personne, à la suite de sa composition, ni cette fureur inconcevable.

Le soir, un domestique lui remit ce billet :