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des monastères, que les prêtres offriront à la Sainte Table pour réconforter la douleur humaine.

La voix du jésuite s’exaltait. Certainement, il ne voyait plus la classe ni les figures surprises des écoliers : son rêve rétrospectif contemplait l’effort réel de Dieu animant les empires, les Républiques, et faisant concorder pour le triomphe du Fils, le génie des savants, le courage des guerriers, les instincts des multitudes et les crimes des ambitieux.

Omer Héricourt demeurait béant d’admiration. Tout se révélait. Oui, oui ! Une seule pensée, depuis les origines, travaillait les âmes. Par d’autres voies le bisaïeul avait aussi conçu la même vérité. Les prêtres de Memphis avaient reçu leur mission de ceux de Babylone, lesquels la tenaient des sages hindous et thibétains fils directs d’Adam, et partis peut-être de l’Éden même. Memphis avait instruit Moïse, puis les Ptolémées qui portèrent la science à Jérusalem. Des juifs esséniens Jean-Baptiste acceptait la branche d’acacia, sceptre d’Abel, emblème de l’amour dont l’Homme-Dieu, comme la Révolution, éblouit les siècles.

Donc les deux thèses, l’ecclésiastique et la maçonnique, se combinaient. Le jésuite et le bisaïeul ne condamnaient-ils pas de même l’Empereur ?

Alors les machinations du capitaine Lyrisse ne valaient rien, si agréable que fût le héros à la parole franche et aux récits chaleureux. Omer résolut de ne se point dévouer aux Bonaparte.

Jusqu’à ce moment, le disciple n’avait que subi les leçons par crainte des punitions humiliantes. Son respect envers les maîtres s’adressait surtout à leur pouvoir. Songeant à leur devenir plus tard égal en cela, évêque destiné au gouvernement d’un diocèse, il ne s’indignait point de leurs blâmes, mais les souffrait malaisément. La fréquence des pensums dégoûtait sa vie. Copier vingt fois les temps d’un verbe pendant qu’au