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veut entendre le testament de Buonaparte ?… travesti par un habit jaune et un vieux chapeau militaire, le violoneux prolongea des gémissements ridicules, en faisant grincer à faux l’archet le long des cordes. Il chanta sur un ton comiquement lugubre : je lègue aux enfers mon génie, mes exploits aux aventuriers, à mes partisans l’infamie, le grand livre à mes créanciers… au bout de chaque rime, le banquiste mimait une grimace différente, solennelle, aigrefine, puis, funèbre. aux français l’horreur de mes crimes, mon exemple à tous les tyransla France à ses rois légitimes et l’hôpital à mes parents. feignant de mourir alors dans une convulsion hideuse, il provoqua le rire d’Omer Héricourt attentif au balcon, et la joie du populaire que rançonnait incontinent une maritorne vendeuse de complaintes : ― trois pour six liards ! Dans l’attente de l’entrée royale, l’enfant écoutait mugir, jusqu’aux lointains de Paris, la foule en fête et