Page:Adam - L’Enfant d’Austerlitz (1901).djvu/145

Cette page n’a pas encore été corrigée

manche, un accroc raccommodé grossièrement. La tante Caroline rentra la première. Elle se récria, commanda qu’on fît chauffer de la camomille. ― où est votre portemanteau ? ― à Leipzig. ― comment ? ― mais, ma chère, on a fait sauter le pont trop tôt : tous les fourgons de ma brigade, 20000 hommes et 200 pièces de canon demeurent aux mains de l’ennemi. ― alors vous avez perdu votre nécessaire d’argent !… ô Dieu ! Avec tous les flacons à votre chiffre !… et votre linge ?… aussi ?… votre trousseau tout entier… mon dieu ! Quelle déroute !… vous êtes fait comme un voleur !… c’est ça vos bottes, grand dieu !… vous n’avez donc rien pu sauver de vos équipages ?… quel malheur !… où souffrez-vous ?… le bisaïeul entra. Son fils lui tendit les bras, puis laissa déclamer la fièvre : ― ah ! Mon père, vous l’aviez bien prévu, les enfants de la veuve livrent l’empereur ! En pleine bataille, les saxons passent à l’ennemi… mes hommes ont pris un officier cosaque : dans sa giberne, il avait plusieurs copies des ordres de Berthier relatifs à notre marche, étape par étape. En haut de la pièce, j’ai reconnu le diagramme de la loge " la croix de fer ", le fil à plomb des adeptes !… Napoléon est perdu… ça ne lui sert à rien que Moreau, devant Dresde, ait eu les jambes emportées… à son défaut, c’est Bernadotte ou son fils que vos philadelphes et le tugendbund des illuminés proclament pour tenir la place de Bonaparte, comme empereur des français. Le tsar Alexandre leur obéit à la lettre. Vos frères bavarois ont failli nous prendre tous devant Hanau. Heureusement, Drouot a sauvé l’empereur et la grande armée. Son artillerie a fait brèche… quelle nuit !… songez-y : j’étais couché dans ma voiture, incapable