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fut une petite tête ronde drôlement hérissée de barbe grise ; et la voix du grand-père salua : ― bonjour, Omer !… Céline se précipita : ― ma mère !… monsieur le général, quelle mine vous avez donc ! Un soldat sortit de la voiture. ― c’est monsieur ! ― annonçait la picarde aux gens de l’office. Des servantes nouèrent leurs tabliers en se hâtant. ― je suis bien malade, ma pauvre Céline… enfin, m’y voilà toujours… et Virginie ? Omer se fit embrasser par la barbe piquante… ― le général a le typhus, ― murmura le militaire qui soutenait son chef enveloppé dans un manteau de cavalerie. Péniblement, le malade gravit les marches… ― qu’on prépare mon lit… vite ! Implorait-il, comme s’il eût craint de mourir avant de s’y coucher. On l’étala sur la bergère. ― mon père est là ?… qui peut me donner des nouvelles du capitaine ? Omer ânonna ce qu’il savait. ― ah ! Tant mieux !… au moins, vous ne resterez pas seuls dans la vie, ta maman et toi !… l’enfant s’enorgueillit d’avoir pu renseigner sans faute. En lui-même il répétait sa phrase, qu’il admirait claire, précise, complète. Avant le départ du général, jamais il n’eût pu, tout seul, l’avertir d’une chose si difficile à dire. Mais pourquoi grand-père avait-il une botte crevée sous l’orteil, et sa culotte tachée de cambouis ? Il soufflait en gonflant ses petites joues hirsutes. Fréquemment, les yeux s’éteignaient dans des paupières cernées de halos bruns et flétris. Au col de l’habit, l’or des feuillages était rougi, et l’enfant remarquait, à la