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rait, le calmerait, qui consolerait aussi la triste pleureuse, cela lui parut le meilleur. Depuis que, plus malade, elle marchait avec précaution, il s’apitoyait sur elle, ses maux et ses peines. La voyait-il mordant sa lèvre à une minute de douleur, il sentait aussitôt les larmes lui poindre aux paupières et chatouiller ses narines, bien que son esprit ne le tourmentât guère.

L’appréhension d’une mort certaine même l’affectait peu. Il pensait vivre ensuite dans le luxe de Malvina. Le changement lui serait plutôt favorable. Au pis, il demeurerait dans le château du bisaïeul avec Médor et Céline. Malgré cette indifférence morale, il surprenait sa chair à frémir de chagrin, subitement, lorsque sa mère réprimait mal des grimaces de souffrance. Qu’elle provoquât cette émotion en lui l’étonnait fort. Rien ou peu de chose de sa raison répondait à l’émoi de ses yeux. Ce mystère le troubla, lui rappelant la parole de Dieu :


Tes père et mère honoreras,
Afin de vivre longuement.


Il redouta de pécher en son âme, et de se vouer ainsi au diable. Cela lui fit aimer davantage sa mère. Même, puisqu’elle l’engageait à choisir, quand il serait grand, l’état ecclésiastique, cette carrière parut agréable et glorieuse à l’enfant. Ne jouirait-il pas des prestiges afférents au rôle de Moïse ? Vêtu de la chasuble magnifique, ne courberait-il pas les foules au signe de son doigt, et ne livrerait-il pas à l’essor divin les voix des orgues ? Cela le séduisait aussi bien que sa mère. Il ne la quitterait pas, il n’encourrait pas la mort de la bataille. Au séminaire il apprendrait certainement la science des miracles, comme aux temples de l’ancienne Égypte que le bisaïeul décrivait. Déjà, dans une atmosphère pareille, il se pouvait mouvoir.

Interrogé, il répondit : « je veux être prêtre ». Alors