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je suis Brahma, l’initié, qui transformait la nature et qui soutenait le monde sur une chaîne. Tu sais, j’ai quatre visages ; et chacun est une des saisons. Aujourd’hui, j’ai mon visage de printemps, Céline ! Cueillons un bouquet de lilas pour maman Virginie, un bouquet de violettes pour tante Caroline… vite, Céline !… et maintenant, regarde comme je saute… une, deux, trois… je saute jusque dans le soleil. As-tu vu ?… j’étais devenu le soleil, comme Ammon. ― Ammon ? ― Ammon, qui sut attirer le soleil dans les miroirs de son temple, des miroirs grands comme d’ici la ville, des miroirs de cuivre poli où toute la chaleur des fluides restait et que les pèlerins venaient adorer en voyageant à travers les sables, longtemps, longtemps. Et quand ils avaient bien appris toute la sagesse d’Ammon, quand ils connaissaient toute la lumière, on leur donnait une corne… écoute, Céline, écoute !… on leur donnait une corne qui était en lumière aussi, et qu’ils portaient sur la tête… tu n’écoutes pas, Céline ! Céline tricotait en marchant, et fredonnait son air favori : chante, rossignol, chante, si tu as le cœur gai. pour moi, je ne l’ai guère : mon amant m’a quittéelala lala lalaire, lala lala lalala ! il ne la persuadait pas toujours de prêter une attention assidue, même lorsqu’il put dire comment Orphée, le mage, avait réuni par les prodiges de son éloquence les chasseurs épars aux bois, comment il les avait instruits dans l’art de bâtir les villes, abri des existences fraternelles. En récompense de ses progrès, l’enfant reçut de Paris une belle lyre en bois dont la