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choses contraires à l’ordre naturel. Si un pauvre hère pouvait tant, que ne réussirait pas un magicien de haut parage, quelqu’un entre ces sublimes chevaliers de l’Art Royal qui correspondaient avec le vieux parrain. Omer s’en convainquit fermement.

Dès lors, il s’appliqua mieux à concevoir les enseignements donnés dans le salon jaune. Maman Virginie, toujours malade, n’interrompait plus les leçons. Malvina était en promenade avec le curé, au loin.

À certaines heures le château tombait dans le silence, et le disciple n’entendait que la voix du bisaïeul, le pressant de répondre au questionnaire.

Sans doute parce qu’il flairait les approches de la mort, le vieil homme hâtait davantage l’éducation d’Omer.

― Petit, petit, il est temps que tu recueilles ma volonté et mon savoir : tu les garderas en toi, dans les retraites de ton esprit, jusqu’à ce que ta raison ait appris à les rendre utiles, par les moyens de tes actes et de tes discours… Je suis l’outil émoussé, brisé, dont se servit Dieu, soixante ans, pour améliorer le sort des peuples… Tu seras l’outil neuf et solide qui terminera la tâche… Petit, petit, ne regarde pas en l’air la toile que tisse l’araignée à l’angle du plafond…, ne regarde pas les oiseaux du ciel, ni les branches du parc… Regarde avec les yeux du cœur les images de ma pensée… Il est temps, il est grand temps de ne te plus distraire pendant mes leçons… car pourrai-je encore, un an, te les donner ? Apparemment j’irai bientôt dormir au sein de notre mère la terre, en me transformant par les mille vies de la corruption… Écoute, petit, écoute… Vois combien ma vieillesse t’implore. Immole ta jeune impatience des jeux au désir de réaliser le plus beau vœu d’un triste moribond… Et je te laisserai, par héritage, ma truelle, mon marteau, tous mes bijoux de maçon… si tu veux apprendre sagement ce que j’ensei-