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en larmes, qui consentit à la prière de le coucher avec elle. Au giron de sa nourrice, il se crut en sécurité dans la chaleur féminine. Il cessa de craindre. La veilleuse éclairait nettement les poignées en cuivre de la commode ventrue, les dossiers concaves des chaises, les rideaux de lit accrochés à la hampe d’une grosse pomme de pin dorée, le guéridon et le pot à tisane, la vaste image même de la sainte vierge plaçant la colombe sur le doigt du petit Jésus. Céline le dorlota contre sa molle poitrine. Gémissant toujours, il s’inquiéta de savoir si la nourrice l’avait allaité de même que la fermière allaitait le petit Georges. Sans rien dire de sa curieuse envie, Omer chercha l’entrée de la chemise rude. Il passa la main et ce lui fut exquis de toucher la robuste mamelle tendue… il écouta trembler en soi le désir de happer la chair qui fleurait la chaleur. Pourquoi tremblait-il ainsi d’une impatience douloureuse, pendant que les doigts dénouaient le cordon de coulisse, écartaient la toile et en faisaient surgir l’énorme sein branlant. " tu ne pleureras plus, mon chéri ?… ne mords pas… tu mords… rentre tes quenottes, au moins… attends, goulu !… puisqu’il n’y a rien dedans ! " honteux, il suçait la chair un peu salée. C’était exquis au goût. Mais, à son âge, un garçon ne devait plus faire cela. Cependant il se calmait ainsi, parce que sa bouche engloutissait de la bonne chair chaude ; et, par là, Céline entrait en lui, comme il se blottissait en elle, surpris de tant de bonheur voluptueux. La savourant, il s’endormit, frais, placide. Quelques