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IRÈNE ET LES EUNUQUES

et le nouveau, elle n’hésitait point. Jeune mâle voluptueux et fougueux aux ébats, expert en vices incroyables, Léon avait conquis l’instinct chaleureux de l’épouse. Noble et maître, il la possédait tant par les délices de leurs étreintes que par la joie d’un esprit agressif et moqueur, capable d’émerveiller une fille auparavant accoutumée au sérieux de tous les instants. Jean n’était plus soudain, pour sa disciple, qu’un éducateur morose. Et qu’elle l’eût désiré, ce lui semblait fou. Bien qu’elle réclamât de l’Autocrator la liberté du moine, elle eût souhaité, dans le mystère de sa conscience, ne jamais le revoir, afin de ne pas rougir, honteuse et lâche, devant son passé.

— En vérité, il n’est pas bon,… nota le Copronyme,… qu’une jeune princesse demeure entourée de personnages étrangers aux règles spirituelles du Palais. J’hésite à prescrire que cet eunuque te soit rendu. Pourtant mon fils m’a sollicité de le faire conduire auprès de toi.

— Le basileus Léon est pur comme le feu divin générateur de la vie ; … murmura pieusement Irène dont les lèvres savouraient encore un goût de baisers sanglants.

Constantin éclata de rire. Sa petite panse dansait sous la peau souple de la buffleterie aux épaulettes de vermeil et d’acier. Brusquement ses regards joignirent un volume peu déroulé d’actes publics que les copistes, apparemment, avaient soumis à l’examen de l’Empereur, avant de le livrer aux signatures des fonction-