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IRÈNE ET LES EUNUQUES

sentaient plusieurs licornes poursuivies par un dogue. Une capuce écarlate coiffait sa tête mafflue. Solennel, il reçut la promesse qu’elle récita, dans la haute salle aux murs de marbre, la main étendue contre le parchemin de l’Évangile. Alors le gros homme se prosterna pour lui rendre les honneurs dus à la Despoina des Romains.

Bientôt on l’envoya prendre dans Athènes avec un merveilleux équipage de soldats, d’eunuques et d’esclaves arméniennes aux longues tresses noires. Des musiciens en robes bleues, et des bouffons cabriolants, la saluèrent. Une abbesse avec sa crosse d’or, et vingt religieuses, se firent ses gardiennes. Une galère la conduisit jusqu’au palais d’Hieria sis sur le promontoire Sosthenien qui, de l’Asie, fait face aux collines de Byzance.

Bientôt il lui fut loisible de contempler, entre les plaines bleues de la mer et du ciel, la cité de Constantin, l’étincellement de ses dômes, les dorures des édifices, les courbures de ses rues pavoisées le long des grèves que mange la bave des flots éternels. Irène allait donc y régner dans la splendeur des robes aux quadratures de joyaux, des mantes indéfinies qu’on relève sur la main gauche soutenant le globe de l’univers. Elle se plut à voir les préparatifs de fête pour son entrée dans la ville conquise par la seule force de l’esprit.

Et Jean, dans un cloître, pensait aux moyens de cette grandeur.