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IRÈNE ET LES EUNUQUES

colline, et le beau faubourg des Blaquernes. Là est ma maison. Des servantes éthiopiennes servent les vins des îles grecques pour parfumer la bouche.

— Étoile dans la nuit, ta maison me plairait… Et toi, fleur épanouie de la grenade… ?

Sophia montra ses formes, dans un geste de mime.

— Moi, je sais par cœur les chants agrestes du vieil Hésiode ; je peux te réciter trois dialogues de Platon et les versets de Jamblique, jusqu’à ce que, bercé dans la merveille des Idées, tu cherches à les étreindre à travers la douceur de mes membres.

— Voilà bien une grecque !

— Excuse-moi, Seigneur : malgré mon nom de Sophia, je suis Égyptienne d’Alexandrie ; mais depuis que le Khalife Omar détruisit la ville, mes ancêtres habitent Athènes, patrie de l’Augusta. Je suis fille adoptive de l’Empire romain.

Clotaire s’inquiétait :

— Alors tu connus Irène avant le trône. C’est elle, là-bas.

Il désignait le balcon du Cathisma.

— Oui, c’est elle. Toute petite je l’ai vue réciter sur la colline de l’Acropole, devant nos philosophes, les poèmes d’Homère, avec une palme dans la main, un peu avant l’automne où l’empereur Copronyme, averti de sa science et de sa beauté, la fiançait à son fils Léon.

— Est-il vrai qu’elle ne descend pas d’une famille noble ?

— C’est vrai.