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IRÈNE ET LES EUNUQUES

nécessaire. Cela le rendait d’autant plus infâme aux yeux des courtisans qui le découvraient parmi les quémandeurs habituels, et sans plus de vergogne. Eutychès, Pharès, Staurakios distribuaient les emplois, les faveurs, les grâces et les charges, sans le consulter même pour la forme. Tout se décidait à son insu.

L’indolence du prince ne pouvait soutenir la lutte contre de si habiles personnages, contre ce Staurakios à la face rusée, fine, au nez fort de flaireur, aux yeux perçants, à la pénétrante ironie, plus évidente, vers les plis de la bouche dont les commissures s’accusaient ; la barbe élégamment bifide allongeait cette figure plate.

Toutefois, quand il apprit les défaites d’Italie, Constantin reprocha ces malheurs avec une arrogance inusitée et de menaces sous-entendues. À son retour, Jean ne fut pas moins invectivé. Ce suffit pour que les astucieux conseillers d’Irène en vinssent à soupçonner quelque conspiration latente. Certainement des téméraires excitaient l’empereur. Eutychès fit espionner les parasites du prince.

On s’étonnait, depuis quelques semaines, de l’assiduité de l’Autocrator chez sa femme qu’il avait trop négligée après les premiers mois nuptiaux. On crut qu’une affection, ou, du moins, un caprice s’éveillait en faveur de l’épouse. Seule, une cubiculaire attirait Constantin. Vif, puéril, d’autant plus aigu qu’il fut d’abord contrarié, ce désir le posséda. Théodote avait seize ans. L’empereur ne perdit aucune occasion de la rencontrer, de la flatter. Faute d’argent il ne pouvait