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rustique, le forgeron acharné à battre le fer rouge sur l’enclume, le chimiste penché sur le mystère de ses tubes dans le laboratoire, apparaissent, grâce à la plume synthétique de M. Hanotaux, comme les cellules parentes d’un même organisme, et qui le vivifient également par leur consommation, par leur production, par leur méditation.

Ici, l’histoire n’est plus, ainsi que, parfois, on le reproche, une sorte de roman-feuilleton qui narre les tueries gigantesques, les passions des princes, et les crimes des courtisans. Elle se transforme en une étude sociologique des races, de leurs instincts, de leurs élans, de leurs apathies, de leurs opiniâtretés. De même que le roman laissa le culte des aventures héroïques et sanglantes, des fantômes effroyables, pour s’asservir à l’observation très consciencieuse de la psychologie humaine, des sentiments, des intérêts, des pensées, des émotions subtiles, des legs moraux et morbides ; ainsi l’histoire relègue à leur place exacte la série des faits objectifs ; elle restreint leur importance, développe l’observation des faits subjectifs, des causes psychiques et de l’interpsychologie. C’est un immense progrès de la mentalité présente, et que le talent de M. Albert Sorel consacra en dédiant son œuvre monumentale, l’Europe et la