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de foi et le besoin de certitude s’apparentent. On veut, au laboratoire comme à l’église, se dégager du doute, de l’ignorance craintive. Il faut un étai : la foi républicaine dans la science ou la foi monarchiste dans la religion. Ébranlée par les pires catastrophes, la France demande à se raffermir. Plus nombreux que les idéologues voués aux espoirs de l’esprit, les sentimentaux se livrent aux souvenirs du cœur, au culte des choses aïeules. Conscient de cette opinion publique, le comte de Paris se rend à Frohsdorff afin d’abdiquer entre les mains du comte de Chambord les prétentions orléanistes, et unifier aussi les chances du parti royal. On connaît la scène, l’émotion du comte de Chambord, la sagesse un peu piquée, mais résolue du comte de Paris. Il faut relire dans le livre de M. Hanotaux ces admirables pages, et les portraits excellents des hommes qui tinrent, tout un été, le sort du pays entre leurs mains hésitantes. C’est le maréchal, franc, catégorique et discipliné, qui refuse en dépit de ses préférences la clef du petit entresol où Henri de Bourbon attend, en secret, à Versailles, avec l’uniforme de lieutenant-général sur un lit, le moment de paraître au milieu de l’Assemblée, conduit par le duc de Magenta. C’est le duc de Broglie, hautain, sévère, la face secouée par un tic, la carrure large dans la redingote, et qui tient les députés sous la férule, les oblige à réserver leurs fièvres, leurs craintes, leurs émois