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transporté mourant à l'hôpital pour avoir contemplé dans cette petite ville, la force morale du peuple réclamant à l'empire des droits élémentaires du citoyen, ces droits pour lesquels la France libératrice de la Révolution a combattu vingt ans, pour lesquels, plus tard, elle a chassé de Magenta et de Solférino, les oppresseurs de la liberté latine, pour lesquels Miranda, Bolivar et San Martin, instruits par le triomphe de notre République avaient affranchi l'Amérique du Sud, après que Washington, aidé de notre Lafayette, eut délivré les Etats-Unis du Nord. L'enfant de Bochum apprit à l'école, sans doutes, ces vérités de l'histoire moderne ; mais ses parents désespérés savent aujourd'hui, qu'il faut encore acheter au prix du sang le plus pur et le plus précieux, la licence de vivre avec honneur et raison sur la terre où l'aristocratie prussienne maintient ses traditions d'autorité cruelle et belliqueuse.

La presse allemande tout entière protesta contre cette bestialité de la police à cheval et à pied qui renverse, écrase, sabre sans pitié les passants inoffensifs, les dames en promenade outre ces ouvriers créateurs de la prospérité allemande, qui en moins de trente ans firent de leur patrie, jadis pauvre et stérile, la concurrente redoutable de l'Angleterre et des Etats-Unis. Les cent cinquante mille travailleurs