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des livres. Il me les refusa, défendit longtemps qu’on m’en donnât. J’appris à lire, au hasard, toute seule.

« Il ne faut savoir que ce que l’on voit, sentir que ce que l’on ressent, répétait mon père ; au moins, avec cela, on n’a pas d’exaltation religieuse. Les livres entretiennent l’erreur dans les esprits ; comme l’eau prise à sa source est plus pure, l’idée prise sur le fait est plus claire. »

Les seules leçons que reçut mon enfance furent celles qui devaient me garantir de toute notion religieuse, mon père s’imaginant que les croyances ne viennent qu’à ceux à qui elles sont enseignées. Cela est vrai peut-être pour bien des gens. Il arriva pour moi qu’on me mit en présence de la nature, du seul maître qui pût avoir une influence définitive sur mon esprit, et dont on me laissa lire le livre grand ouvert.