Page:Adam (Lamber) – Païenne, 1883.djvu/205

Cette page a été validée par deux contributeurs.



À MÉLISSANDRE

Amie, j’ai pour ainsi dire à chaque heure le sentiment croissant de la prise définitive que tu as faite de mes pensers. Le résultat le plus singulier de cette invasion irrésistible, c’est de me rendre insatiable de travail. Il me semble que ma vie si confuse, si désordonnée, si vide jusqu’à toi, malgré ses entraînements, ses tourbillons, ne date que de toi ; je n’en ai conscience qu’à travers ta possession, et je ne me suis connu moi-même tout entier qu’à partir de l’heure où je me suis donné sans retour. Je t’aime avec toute ma raison, follement. Je me trouve impuissant à calmer sans toi le besoin de diversion morale qui me tourmente.