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MÉLISSANDRE À GARDANNE

Je n’ai, seigneur peintre, ni le caractère, ni les sentiments de l’amante de Pétrarque, et je ne dois pas en rappeler le visage.

Si j’aimais ! Certes, je n’irais pas jusqu’à dire, comme monsieur de Noves, mon noble époux, étrange petit-neveu de Laure : « L’amour est un plaisir qu’il faut varier sans cesse », mais je voudrais que dès sa naissance il fût un bonheur, et je ne l’admettrais pas désolé comme celui de Pétrarque, lequel, « soir et matin, jour et nuit, fait répandre des larmes ». Si j’aimais, moi, j’aimerais à aimer ! Fût-il sans échange, l’amour est déjà une richesse que les privilégiés seuls possèdent. Aimer ! vivre de la grande vie païenne de la nature, c’est