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crois que, sans la mémoire, qui réveille et reproduit toutes ces sensations, je n’aurais plus conscience de mon être.

Je suis parti, je suis revenu à Paris inconsciemment, me sentant plus que jamais seul dans ce grand désert d’hommes. Je poursuis mes souvenirs au milieu de la foule. Je me trouve un homme nouveau, supérieur à moi-même et aux autres, puisque j’ai vu dans sa magnificence le chef-d’œuvre de l’amour, et que j’ai possédé la volupté infinie.

Ce que j’ai ressenti, éprouvé près de toi, durant ces rapides heures de conversation ou de silence passées ensemble, nulle langue humaine n’est ni assez pure, ni assez déliée, ni assez élégante pour l’exprimer et le peindre. Un tel poème ne sera jamais écrit ; il est là, dans mon cerveau ; mon regard seul, le tien, peuvent se le révéler