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II
RATIONALISME EMPIRIQUE
ET
EMPIRISME LOGIQUE



X
Philosophie scientifique.
F. ENRIQUES


La position de la philosophie scientifique dans la culture contemporaine est déterminée par le divorce entre science et philosophie qui se produisit au début du xixe siècle. Au moment où l’esprit romantique — exprimant une réaction contre les progrès réalisés par la science — bâtissait la théorie idéaliste de la connaissance et la philosophie de la nature, l’esprit classique, mûri par la discipline intellectuelle de la méthode mathématique et expérimentale, prenait conscience de l’exigence fondamentale qui est inhérente au succès historique de la pensée scientifique.

Cette exigence reçut une première expression par le positivisme français et anglais, d’Auguste Comte à Stuart Mill et à Herbert Spencer. Pendant trente ans au moins, on crut que la métaphysique aventureuse et avec elle les non-sens de la spéculation romantique étaient vaincus à jamais. J’appartiens — moi — à la génération de ceux qui, élevés dans le milieu de la philosophie positive, ont vu, dans leur jeunesse même, se relever l’étendard de l’idéalisme métaphysique et engager une lutte violente contre l’esprit positif. Après trente années, dominées par ces courants de la pensée, j’assiste aujourd’hui au renouveau de la philosophie scientifique, qui — à la vérité — n’a jamais cessé d’exister et d’être affirmée, pendant cette période, par des penseurs sortis du domaine des sciences particulières, mais qui, —