» La salicaire, se penchant,
» Mouille au flux son rose pétale ;
» Moi, que l’été va desséchant,
» J’aperçois l’eau comme Tantale !
» Le bolet, ce nain que d’en haut
» J’insultais d’un mépris superbe,
» Usant l’existence d’assaut,
» En dix jours naît et meurt sar l’herbe !
» Chaque automne son disque d’or
» Ressuscite après la ramée ;
» Pour mourir et renaître encor,
» Que le géant n’est-il pygmée ?
» Mon tronc, de fatigue entr’ouvert,
» Rongé par les grimpeurs voraces,
» Troué par le bec du pivert
» De vingt tourments porte les traces.
» Ruineuses activités !
» Tournoi d’incessantes visites !
» Je nourris dans mes cavités
» Un peuple de vils parasites.
» Qui compterait mes ennemis ?
» Les rats armés de crocs et d’ongles,
» Les sauriens gris, les fourmis,
» Les lombrics, les tarets, les strongles ;
» Les chenilles, les hannetons
» Larvés dans mes molles artères,
» Les guêpes, les mouches, les taons,
» D’innombrables coléoptères ;
» L’enfant cruel, le braconnier,
» Gent qui me crible, qui me cingle ! —