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Mais symétriquement taillés
Par le soc qui trace et cultive,
Des alentours trop travaillés
Mésalliaient sa perspective.

Puis l’écho discord, les clameurs
Du gouffre où bruït la folie,
Lassaient d’éternelles rumeurs
Sa constante mélancolie !

J’aime les vieux arbres : je sens,
Comme les inventeurs de fables,
Qu’ils ont, pour amortir les sens,
Des secrets divins, ineffables ;

Qu’il fait bon vivre à leur fraîcheur,
Dans leur pénombre inspiratrice,
Hanter leur silence prêcheur,
Leur sérénité bienfaitrice ;

J’aimais surtout, loin du tyran
Que l’esclave nomme le monde,
Ce sympathique vétéran
Que nulle contrainte n’émonde ;

La tempe nue, ouverte au vent
Qui souffle la vie et la force,
Ô liberté ! j’allais, souvent,
Philosopher sur son écorce !

Et dans sa paix enseveli
Durant de secrètes semaines,
Goûter un vrai bonheur, — l’oubli
Des agitations humaines !

Or, un soir d’octobre, attardé
Sous le cintre ombreux de son arche,