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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

M. de Fleurville regrettera infiniment. Il est sorti… il y a juste cinq minutes.

Arlette ne peut s’empêcher de répliquer :

— Cela m’étonne. Depuis dix minutes, je me promène sur le trottoir. Et je n’ai vu sortir personne…

Un peu déconcertée, la bonne répond :

— J’ai dit cinq minutes, comme j’aurais dit une demi-heure. Excusez-moi…

— C’est que je suis envoyée par M. le Grand Doyen pour offrir à M. de Fleurville des billets de tombola…

— Monsieur en prendra certainement.

— Au profit des pauvres de Notre-Dame !

— Monsieur est très généreux ! À quel prix sont-ils, vos billets ?

— Cinquante centimes.

— Ce n’est pas cher. En attendant que Monsieur vous envoie son offrande, voulez-vous accepter la mienne, mademoiselle ?

— Mais volontiers…

— Hélas ! je ne suis pas riche. Voici deux francs…

Arlette tire la grande feuille blanche où elle espérait inscrire tant de noms aristocratiques.

— Quel nom, dois-je mettre ? demande-t-elle.

— Joséphine Flipot.

— P..e..a..u… ?

— Non… p… o… t… pot !… comme un pot !…

Le geste de cette femme modeste est trop joli pour qu’Arlette s’en moque. Elle en sourit au contraire non sans émotion.

— Mais j’y pense !… peut-être bien que M. Jacques souscrira aussi avec plaisir ?

— Monsieur Jacques ?

— Le fils de M. de Fleurville. Il est justement dans son bureau. Donnez-vous la peine d’entrer. Je vais le prévenir. Il n’est pas souvent ici. Il est toujours à Paris…

Arlette est introduite dans un vestibule garni de plantes vertes. Un ours immense en bois sculpté supporte, sous l’escalier, des chapeaux et des manteaux, des parapluies et des cannes, qu’il a l’air de vouloir embrasser tant il les enlace de ses pattes recourbées.

Elle passe dans un salon élégant ou des fauteuils