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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

en une sorte de béguinage. Dans l’ombre de la basilique dormaient tous les servants de la paroisse. Les rues allaient en se rétrécissant plus elles se rapprochaient de l’église. De sorte qu’à leur extrémité une chaîne courte suffisait pour les obstruer.

Arlette arrive dans l’avenue principale de la ville. Des hôtels modernes, avec de grandes portes à deux battants et de hautes fenêtres, la bordent. Ce n’est peut-être pas aussi pittoresque, mais ici au moins l’on respire. De temps à autre une automobile regagne son garage. Un domestique en livrée apparaît sur un balcon :

M. le Doyen, pense Arlette, m’a dit de m’adresser à chacune des personnes, qui habitent cette rue. Il paraît qu’on doit solliciter d’abord les souscriptions des gens riches. Ceux-ci, flattés qu’on les invite les premiers, se montrent d’autant plus généreux que tous leurs concitoyens, en consultant la liste, connaîtront leur générosité. Quant aux autres, ils se trouvent entraînés par le mouvement général et donnent plus qu’ils ne le voudraient pour que leur obole ne soit pas trop modeste à côté des précédentes… Et pourtant je serais volontiers allée directement chez M. Hyacinthe. J’ai hâte de connaître ce professeur fameux !… Un peu de patience ! Arlette… Il ne faut jamais brusquer les événements…

Elle sonne au numéro 1 de la rue :

— Je viens, mademoiselle, pour une tombola…

— Madame est sortie. Elle regrettera beaucoup…

Elle s’adresse au numéro 3 :

— Est-ce que Monsieur est chez lui ? Je voudrais lui offrir des billets ?

— Monsieur est en voyage. Il sera désolé…

Et ainsi de suite… Arlette commence à douter du succès de son entreprise. Visiblement les domestiques ont des ordres spéciaux pour les dames patronnesses comme pour les marchands de vin. Elle arrive au numéro 15 ! C’est là que demeure M. de Fleurville. Elle presse le bouton électrique. Une vieille servante en tablier blanc et en bonnet frisé, apparaît :

— Mademoiselle, voulez-vous demander à M. de Fleurville de me recevoir ?