CHAPITRE II
— Rosalie, avez-vous frotté les chanoines ?
— Non, pas encore.
— Dépêchons-nous… dépechons-nous…
— Ne vous impatientez pas, ma sœur. Avant ce soir, tous les chanoines seront empaquetés…
Telcide est guérie. Le nettoyage bat son plein. On arrose les chambres au crésyl ; on décroche les rideaux. On range dans une immense caisse les portraits des chanoines de la salle à manger.
— Marie, demande Jeanne, vous vous êtes assurée que le compte est exact ?
— Non, ma sœur… Je vais voir…
La vérification montre qu’il en manque un.
— Lequel ?
— Le chanoine Buran.
— Ah ! oui… Je m’en souviens… Notre sœur Telcide, un jour que le chanoine Buran ne l’avait pas saluée, a décidé de mettre son portrait en pénitence dans le coin du buffet. Il doit y être encore. Comme nous avons reculé le meuble, il doit même être écrasé…
— C’est tout ce qu’il mérite, intervient Telcide.
— Dégageons-le…
Ces demoiselles s’arc-boutent… Elles font glisser le buffet et retirent de l’ombre un tableau couvert de toiles d’araignée :
— Ernestine, emportez le chanoine Buran à la buanderie et nettoyez-le…
L’après-midi, Arlette commence ses premières visites C’est un événement considérable. Dix fois déjà Telcide lui a dit que jamais elle ne lui eût donné l’autorisation de sortir seule, si M. le Grand Doyen ne lui