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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

un chignon minuscule dans une résille blanche. Elle se tient haute sur l’oreiller, presque assise. Elle a mis son « dodo » gris. Avec son menton saillant et les tendons de son cou décharné, qui tirent sa peau, comme les cordes tirent les toiles d’une tente, elle ressemble aux sorcières qui jettent des sorts :

— Comment vous sentez-vous, ma cousine ?

— Mieux… Cela réconforte toujours de voir son médecin…

— Tiens ! on sonne… sans doute une visite…

— Ce doit être M. le Grand Doyen… Rosalie l’a prévenu de mon malaise…

— En effet… Je crois reconnaître sa voix dans le couloir…

— Est-ce que tout est bien en ordre dans la chambre ?

— Oh ! oui, ma cousine… D’ailleurs on n’y voit rien…

Dès son entrée, M. le Grand Doyen s’écrie :

— Ma bonne demoiselle, j’ai tenu à vous apporter tout de suite mes souhaits de prompte guérison…

L’obscurité est telle qu’il va vers le lavabo, croyant trouver à droite le lit, qui est à gauche.

— Je vous remercie, répond Telcide d’une voix mourante…

— J’ai rencontré cet excellent docteur Crépinois, qui m’a renseigné sur votre état de santé. Si j’avais eu des craintes, il me les eût dissipées. C’est un peu de langueur, paraît-il. Aucune complication n’est à redouter. Dieu soit loué ! Après-demain dimanche, vous assisterez à la grand’messe.

— Je n’ose vous promettre. Je suis si faible !…

Bien entendu Rosalie, Jeanne et Marie sont au chevet de leur aînée. Elles considéreraient comme une faute grave de n’être point là quand M. le Grand Doyen honore l’une d’elles d’une visite. La flamme vacillante de la veilleuse met sur les visages des lueurs et des ombres étranges. M. le Grand Doyen se tourne vers Arlette :

— Et c’est vous, mademoiselle, qui soignez votre chère cousine ?

— Oh ! non, proteste Telcide, qui retrouve toujours