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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

6 heures. Le train de Paris passe à 5 h. 52. Si Arlette l’a pris, elle est déjà loin.

— Venez, mes sœurs, nous allons aviser…

Dans la salle à manger, un véritable conseil de famille se réunit alors. Rosalie, Jeanne et Marie sont assises côte à côte. Telcide se tient devant elles, comme présidente :

— Vous étonnerai-je, mes sœurs, en vous disant que je redoutais cette catastrophe ?

Je regrette que le temps n’ait pas eu le loisir d’accomplir son œuvre. Cette enfant se serait sans doute amendée. Mais en ce qui nous concerne, nous avons fait tout notre devoir. Nous n’avons rien à nous reprocher…

Trois mouvements de tête, de gauche à droite, indiquent à l’orateur que les trois juges partagent son avis.

— Qu’allons-nous faire maintenant ? continue Telcide. Nous avons à remplir quelques formalités…

— Si nous prévenions M. le Grand Doyen, risque timidement Marie.

— Gardons-nous-en bien ! répond énergiquement la présidente. M. le Grand Doyen, avec sa trop grande indulgence, a été la cause que notre cousine a osé me heurter de front. Je n’ai pas besoin de vous rappeler la scène. M. le Grand Doyen ne peut nous être d’aucun conseil…

— Si nous informions M. le commissaire de police ?

— Non… pas de scandale ! Je vais écrire une lettre circonstanciée à Me Clapeau, me déchargeant entre ses mains du fardeau qu’il m’avait confié…

Trois nouveaux mouvements de tête, cette fois de haut en bas, témoignent à Telcide que sa décision est unanimement approuvée :

— Inutile que je vous dise, n’est-ce pas, mes sœurs, que notre maison sera dorénavant fermée à celle qui vous a toutes insultées dans ma personne ? Nous n’accepterons aucune excuse. Nous sommes sans reproche, nous avons le droit de nous montrer sans peur !

Telcide a parlé sur un ton définitif. Il semble que rien ne pourra fléchir son intransigeance. Pourtant