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CHAPITRE VI


Depuis dix jours. Arlette ouvre les armoires, fouille les tiroirs, retourne les garde-robes, force les secrétaires, plonge dans les grands vases, explore les buffets, soulève des planches, en abaisse d’autres, bouleverse les bibliothèques pour vérifier si la rangée des livres droits ne dissimule pas dans son ombre des papiers mystérieux… Elle défonce des cartons à chapeaux, des caisses de bois blanc où sont plies de vieux châles avec des boules de naphtaline… La serrure d’une malle résiste. Elle lui fait un peu violence… Il n’est pas jusqu’à une certaine boîte carrée, en laque, qui n’abandonne entre ses doigts un de ses panneaux. C’était, sous Napoléon III un coffret à parfums. Seul, en survit un carafon à fleurs. Et encore est-il tout ébréché ! Cette perquisition en règle ne donne aucun résultat. Arlette est désolée.

Elle aimerait tant savoir quelle est celle de ses cousines, dont les rêves ont été aussi impitoyablement étouffés par Mme Davernis. Il lui semble qu’elle la prendrait comme confidente, de préférence aux autres.

Mais est-ce que les quatre sœurs ne sont pas aujourd’hui devenues semblables ? Telcide, Rosalie, Jeanne et Marie sont sur le même modèle. Les seules différences qu’elles offrent sont dues à leur âge. Dans trois ans, Marie sera ce qu’est aujourd’hui sa sœur Jeanne. Dans dix ans, elle sera ce qu’est Rosalie. Et rien ne permet de croire que, dans vingt ans, elle sera faite autrement, avec d’autres sentiments, d’autres gestes, d’autres boniments que Telcide…

Brusquement Arlette a peur de suivre la même pente.