Page:Acremant - Ces Dames aux chapeaux vert, 1922.djvu/47

Cette page n’a pas encore été corrigée
33
CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

— Il va falloir songer à nos toilettes d’hiver…

Je sais quels modèles je prendrai. J’ai su regarder autour de moi. J’ai consulté les catalogues.

Comme je ne suis pas très grande, il ne me faut rien de compliqué. Peu de garnitures, mais de la souplesse et surtout de la ligne…

Mes idées sont particulièrement précises en ce qui concerne la robe de soirée. Je compte faire mon entrée dans le monde cet hiver. Il importe qu’en me voyant on dise sous les éventails :

— Oh ! oh ! elle est gentille, la petite Davernis !

Du succès que j’aurai, dépendra mon mariage plus ou moins proche. Je ne dois pas cesser de me le répéter.

Lorsque je m’avancerai dans le salon illuminé, je baisserai les yeux, non pas par modestie — je ne suis pas modeste ! — non pas par timidité, — je ne suis pas timide ! — mais par décence et par malice. Il paraît que les jeunes gens n’épousent pas les filles qui menacent, par des regards trop droits, d’être des femmes un peu volontaires.

Or je tiens à me marier.

Il y a beaucoup de vieilles filles autour de moi ! Je les trouve assommantes. Elles ont des idées étroites dans l’esprit et du coton dans les oreilles…

Je choisirai ma robe de soirée, rose, et mon premier costume de ville, bleu…


17 septembre.

Je relis les notes que j’ai écrites avant-hier. Certes, je tiens à me marier. Mais je ne voudrais pas que ce fût avant deux ans.

Quand on est marié, on a des enfants. On doit les soigner. On ne va plus dans le monde !


18 septembre.

Il paraît que dans la famille de maman, les jeunes filles ne vont jamais au bal. Je n’aurai pas de robe de soirée. En écrivant cela, je pleure.

Il me semble que, d’un grand trait de plume, j’efface un des plus beaux rêves de ma vie…


19 septembre.

Si je ne vais pas au bal, comment me marierai-je ?


22 septembre.

Cet après-midi, visite à la couturière.

Je croyais que maman me conduirait chez « Léonie