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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

Et ma broche ! un trèfle d’or avec une bordure de rubis… ou une barrette avec des perles et des brillants…

Mais il est convenable que je laisse à maman le soin de désigner l’objet ; sans préciser davantage, je lui dirai :

— Puisque vous voulez bien m’offrir un cadeau, offrez-moi un bijou et je serai la plus heureuse des femmes.

Maman m’a répondu :

— Bien, mon enfant…

Sera-ce une bague, un bracelet ou une broche ?…


15 août.

Depuis avant-hier, je ne vivais plus, j’attendais le bijou promis.

Maman vient de m’offrir une montre en argent avec un cordon noir :

— Tu la porteras suspendue à ton cou, m’a-t-elle dit. Qu’elle te soit un souvenir durable et utile de ma bonté !

C’est à peine si j’ai eu la force de remercier… Je suis triste.

Maman m’a rappelée pour me faire remarquer que la montre est à remontoir…


4 septembre.

Impossible de sortir !… Voici quatre jours que la pluie incessante frappe aux carreaux… une pluie régulière, monotone.

Quand je serai mariée, j’habiterai une maison rose, dont les tapisseries seront pittoresques et les meubles pimpants. Aux rideaux, je nouerai des rubans clairs avec de larges coques.

Chaque semaine, de parti pris, je changerai de place les guéridons, les fauteuils, les tables, les buffets et même le piano. Lorsqu’on demeure au milieu des choses fixes, il me semble qu’on doit vieillir plus vite.

Dans mon jardin je n’aurai surtout pas la grosse boule de verre qu’on rencontre sur son trépied de fonte dans tous les presbytères et chez les vieilles demoiselles.

Mais je ferai construire, en forme de châteaux forts, des cages où chanteront des oiseaux au poitrail rouge et aux ailes dorées

Même quand il pleuvra durant quatre jours, ma maison sera gaie…


15 septembre.

Grande nouvelle ! événement considérable ! Maman m’a dit ce matin :