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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

dans un cadre d’argent la photographie d’un jeune homme en tenue de sport, les manches relevées et la chemise ouverte sur la poitrine :

— Votre frère sans doute ?… comme il vous ressemble !… disent-elles appartenant à cette catégorie de gens, qui ont la manie de découvrir partout des ressemblances.

— Non… C’est Tommy, un Américain, qui avait des bras et des jambes admirables… un athlète complet…

— Oh ! Arlette !

— Nous jouions ensemble au tennis.

Rosalie et Jeanne voudraient bien quelques renseignements complémentaires. Mais Telcide intervient :

— Mon enfant, il y a dans votre chambre une odeur que je ne reconnais pas. Est-ce que vous vous parfumeriez ?

— Oh ! non, ma cousine. Mais j’ai fumé tout à l’heure une cigarette égyptienne, dont le parfum persiste longtemps. N’est-ce pas que c’est agréable ?

— Comment ? comment ? dit Telcide, qui manque de suffoquer. C’est de la fumée de cigarette que vous nous faites respirer ? Malédiction !… Ouvrez la fenêtre… Agitez des mouchoirs… Qu’on aère au plus vite !…

Furieuse, elle sort. Rosalie et Jeanne la suivent.

— Cette petite me rendra folle, leur crie-t-elle.

Marie, demeurée seule avec Arlette, lui conseille doucement, pour éviter de déplorables conflits, de cacher dans un tiroir le pastel lumineux, la photo de Tommy et la petite boîte de cigarettes égyptiennes. Après quoi elle se met en mesure d’aider la jeune fille.

On imagine ses hésitations et ses gestes craintifs devant les fines chemises, les combinaisons brodées et les pantalons de soie. Ses mains, sèches et jaunes, habituées aux toiles rudes, ont mille précautions pour saisir les linons soyeux et les mousselines caressantes.

Lorsque Arlette dispose son nécessaire de toilette sur le lavabo, timidement elle lui demande à quoi servent ces brosses de tailles différentes, ces lames luisantes, ces polissoirs, dont la peau est si douce, et ces