petits scrupules de conscience… Quand je les lui exposais, il me répondait : « Passons ! passons ! j’ai encore dix personnes à confesser. »
— C’est en effet inadmissible !…
Tout en papotant ainsi, ces demoiselles Davernis sont arrivées devant leur maison. Ernestine est à la porte. Elle tend une casserole en terre jaune, dans laquelle une laitière verse pour dix sous de lait…
Mlle Clémentine Chotard prend congé et s’éloigne à petits pas sur le trottoir cahoteux. Elle disparaît dans la première rue à gauche. À combien de gens rapportera-t-elle aujourd’hui l’histoire fameuse des chaises disparues ?
Pour l’instant, Telcide entreprend de la raconter à Ernestine…
Lorsqu’elle descend à neuf heures du matin, Arlette trouve ses quatre cousines dans la salle à manger, chacune devant sa table à ouvrage.
De même que le soleil a commencé à se lever, le calme est rentré dans l’esprit de Telcide. Non pas que celle-ci ait abandonné son projet de réclamer des sanctions contre les enfants de chœur, mais elle a cessé d’employer des termes excessifs pour clamer son indignation :
— Bonjour, ma cousine Telcide… bonjour, ma cousine Rosalie… bonjour, ma cousine Jeanne… bonjour, ma cousine Marie… bonjour, Ernestine…
Arlette ne sait si elle doit ajouter : « Bonjour, Perrette… bonjour, Blanchette… » Elle est si désireuse de faire toutes les concessions nécessaires qu’elle ne reculera devant aucun sacrifice !
— Avez-vous bien dormi, lui demande Rosalie ?
— Parfaitement !… Je vous remercie… Et vous aussi, j’espère, mes cousines ?
— Oh ! nous ! nous !…
Telcide a beau être calmée. L’occasion est trop belle pour qu’elle n’en profite pas.
— Nous ! s’écrie-t-elle, nous avons eu ce matin l’aventure la plus invraisemblable qu’on puisse imaginer. Depuis huit ans, je n’avais pas été si fort courroucée !