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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

Ernestine, qui, depuis un moment, essaie de parler, réussit enfin :

— La petite demoiselle veut-elle que je lui fasse chauffer quelque chose ?

— Oui… Du tilleul ou de la camomille ? précise Rosalie.

— Mes chères cousines, je prendrai ce que vous prenez…

Ce disant, Arlette regarde Telcide en souriant. Elle a décidé d’user sa patience jusqu’au bout. Elle fera toutes les concessions :

— Nous, nous ne prenons rien, répond Telcide.

Pour amortir le coup, Ernestine s’empresse de décider :

— Je vais vous préparer de la camomille…

— Comme vous voudrez !

— Oui… oui… La camomille, c’est très bon !… Et le matin, qu’est-ce que vous buvez ?

— Nous, nous prenons du cacao et des échaudés, renseigne Marie…

— Si vous le permettez, je déjeunerai le matin avec du pain et du lait.

— Rien ne sera plus facile…

— Mon enfant, déclare alors Telcide, vous devez être lasse. Il est très tard…

— Il est à peine vingt-deux heures, ma chère cousine…

— Oh ! vingt-deux !

!

! Vous employez les expressions modernes ! C’est dommage !… Pour éviter les malentendus, j’aime mieux vous prévenir tout de suite… Il n’est pas dans nos habitudes de faire usage de ces locutions… Je dirai même davantage… Nous ne les comprenons pas…

— Je prends note, ma cousine…

— Il est dix heures du soir… Depuis longtemps les honnêtes gens sont couchés… Nous vous initierons demain à votre nouvelle existence… Nous allons vous montrer votre chambre… Mais auparavant, par une pieuse coutume, nous disons quotidiennement notre prière en commun. D’abord parce que cela nous vaut des grâces particulières et ensuite parce qu’il fait moins froid ici qu’au premier étage… Prenez