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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

mettre une indiscrétion. Mais il est une question que je voudrais vous poser. Me la permettrez-vous ?

— Certainement. De quoi s’agit-il ?

— Est-ce que le facteur n’a pas, depuis deux mois, déposé à mon adresse des cartes postales, qui ne m’auraient pas été remises ?

— De votre boxeur ?

— Comment ? De quel boxeur ?

— De celui dont vous avez apporté la photographié.

— Je n’ai apporté la photographie d’aucun boxeur.

— Enfin... quoi ?... de votre joueur de tennis... C’est la même chose.

— Des cartes signées : Jacqueline ?

— Oui... C’est moi qui les ai arrêtées... Et voici à la suite de quelles circonstances. Lorsqu’il a été question des fiançailles de notre sœur Marie avec M. Hyacinthe, j’ai redouté que cette nouvelle n’eût une mauvaise influence sur vous. Déjà vous ne vous amusiez pas beaucoup ici. J’ai craint que vous ne vous ennuyiez davantage. Vous m’aviez dit que Jacqueline était une de vos bonnes amies d’enfance, la fille d’un ambassadeur, en France pour deux mois. Je lui ai écrit — vous m’aviez indiqué son adresse ! — pour l’inviter à venir passer quelques jours avec vous. Cette distraction devait vous être agréable. Or la lettre m’a été réexpédiée avec la mention : « Inconnu » et le cachet du président de la République...

— Du président de la République ?

— Oui. Je ne me suis pas expliqué le cachet.

— Ah ! ça : c’est trop drôle... En vous donnant un numéro, au hasard, du faubourg Saint-Honoré, j’ai dû vous donner celui de l’Élysée...

— En tout cas, ma méfiance a été éveillée... Et dès ce jour j’ai arrêté toutes les cartes signées : Jacqueline.

— Eh bien ! ma cousine... Jacqueline, c’était Jacques de Fleurville.

— Ah ! si j’avais su !...

Et Telcide réembrasse Arlette. Elle est à présent tout douceur et tout tendresse. Il n’y avait pas de fiançailles qui pouvaient personnellement la flatter davantage...

Cependant M. Hyacinthe est perplexe. L’incertitude