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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

grandeurs. Plus tard elle exigera que le professeur prenne des douches et des frictions. Non pas tant pour l’hygiène que pour le plaisir qu’elle aura de le faire dire à la porte !

Introduite dans le petit salon où Arlette a été reçue, sa première exclamation est celle-ci :

— Tiens ! ils ne mettent pas de housses ! Et la seconde :

— Oh ! oh ! ils ont des tapis partout !... Elle hésite un instant à s’asseoir, tant les fauteuils lui paraissent somptueux. Enfin elle s’installe dans une bergère où elle s’enfonce doucement en se demandant comment elle s’en relèvera jamais. Et elle regarde autour d’elle. Il n’est pas mauvais qu’elle prenne des leçons de goût puisque bientôt elle sera maîtresse de maison. Ainsi elle remarque, pour les tableaux, que le nom du peintre est inscrit dans un petit cartouche de cuivre sur le cadre. Elle lit : Fragonard, Cézanne... Elle possède un paysage que lui a offert un de ses cousins. Elle mettra, de même façon, en vedette, son nom : Figondois...

Quand Jacques de Fleurville se présente, elle doit s’arc-bouter sur les bras de la bergère pour se dégager de l’étreinte du coussin, étreinte si neuve pour elle !

— Mademoiselle, je vous présente mes hommages...

— Monsieur.

— Qu’est-ce qui me vaut l’honneur de votre visite ?

— Voici. Je dois prochainement me marier...

— Toutes mes félicitations...

— Avec M. Ulysse Hyacinthe, professeur au collège...

— C’est un homme éminent.

— N’est-ce pas ?... Je vais donc quitter la maison de mes sœurs, la maison où je suis née, la maison où j’ai vécu des années si heureuse, en un mot la maison dont M. de Fleurville est le propriétaire.

— Je vous adresse mes vœux de bonheur...

— Je vous remercie... Or, je voudrais, avant de les abandonner, laisser à mes sœurs un souvenir durable. Depuis huit ans, il est une question qui les inquiète et même les bouleverse...

— Celle de la nochère ?