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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

CHAPITRE VII Les persiennes sont closes et les rideaux tirés. Comme pour écarter des voiles, Arlette pose les doigts sur ses yeux. D’où vient qu’elle est couchée ? Quelle heure est-il ? De grosses gouttes de sueur perlent à son front. Au bruit qu’elle fait en se retournant et en rejetant la couverture pour se dégager la poitrine, la porte s’ouvre : — Vous êtes réveillée ? — Oui, ma cousine Marie... D’un coup sec, la fiancée de M. Hyacinthe fait glisser sur leurs tringles les grands rideaux. Des raies de lumière dorée apparaissent à la fenêtre. Arlette distingue que la physionomie de sa cousine est affligée et douloureuse. Elle lui tend les bras pour l’embrasser. Au contact de ses mains sèches, elle s’aperçoit que les siennes sont moites. Quel est ce mystère ? serait-elle souffrante ? Elle ne se souvient de rien : — Comment vous sentez-vous ? lui demande Marie. — Mais je me sens très bien. — Ah ! tant mieux !... — Je suis même enchantée de vous voir... Par ce besoin de tendresse qu’éprouvent les malades, elle invite sa cousine à approcher sa chaise du lit pour qu’elle puisse poser sa tête à côté de la sienne sur l’oreiller et que leurs joues se touchent : — On est bien ainsi, n’est-ce pas ? — Oui... J’espère que vous ne souffrez pas ? — Non... Mais je souffrirai si vous ne me racontez pas tout de suite comment et pourquoi je suis ici...