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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

fiançailles de notre sœur Marie. La jalousie est un vilain sentiment, qui ne saurait trouver place dans votre cœur, n’est-ce pas ?

— Certainement, ma cousine.

— J’ai donc réfléchi sur votre cas. J’ai même consulté M. le Grand Doyen...

— Ah ?

— Et nous sommes tombés d’accord... Arlette ne répond plus. Prudemment elle demeure sur la défensive. Non seulement elle a été habituée à se méfier chaque fois que Telcide lui a parlé avec douceur. Mais encore elle a deviné parfaitement son but actuel. En jouant avec son châle, elle affecte d’écouter négligemment. Cela gêne Telcide, qui aime la contradiction et qui, par tous les moyens, essaie de la provoquer.

— Parfaitement... Nous sommes tombés d’accord pour reconnaître qu’il serait souhaitable qu’un jeune homme de votre condition vous demandât en mariage. Vous êtes encore très jeune, mais vous êtes orpheline. On ne saurait trop tôt assurer votre avenir... Qu’est-ce que vous en dites ?

— Rien, ma cousine.

— Vous partagez donc mon avis ?

— Je m’en rapporte à vous...

— Bien ! très bien ! J’aime cette réponse... Elle me met tout à fait à l’aise pour vous annoncer que j’ai reçu, à votre intention, une demande en mariage...

— D’Eugène Duthoit ?

— Lui-même. M. Duthoit appartient à une fort honorable famille. 11 est » bien de sa personne ». C’est à la fois un homme d’étude et un homme du monde. Sa fortune n’est pas considérable. Mais sa position est extrêmement considérée. Son âge est très en rapport avec le vôtre. Vous aimez les grandes villes, vous habiterez toujours d’importantes préfectures. Bref, je vous informe que j’ai accepté...

— Vous avez ?...

— Oui...

Arlette n’a pas pu réprimer un cri douloureux. De grosses larmes montent à ses yeux. Avec l’espoir que Telcide ne les verra point, elle s’obstine à regarder le