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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

CHAPITRE VI Telcide est de celles pour qui les proverbes contiennent toute la sagesse des nations. L’un de ceux-ci prétend qu’il faut battre le fer quand il est chaud. Ce même jour, après le souper, alors qu’il semble que la maison doive s’endormir, elle frappe d’un doigt nerveux à la porte d’Arlette : — Entrez... La jeune fille commençait à se déshabiller. Elle avait déjà retiré son corsage. Sur ses épaules nues, elle s’empresse de jeter un châle... — Je voudrais vous parler, ma chère Arlette... — A quel sujet, ma cousine ? — Je vais vous le dire... — Donnez-vous la peine de vous asseoir... Telcide s’assied dans un fauteuil. Les genoux correctement unis, les doigts croisés, elle paraît d’une humeur charmante. Son début est le plus aimable... — Mon enfant, je suis inquiète de votre santé. Depuis quelque temps, vous paraissez tourmentée. Vous avez perdu vos belles couleurs et votre gaieté. Je crains que notre existence ne soit un peu sévère pour vous. Votre jeunesse s’accommode mal de notre austérité. — Mais non, ma cousine... — C’est très aimable à vous de n’en point convenir. Vous savez que, pour ma part, je m’applique à vous procurer toutes les distractions compatibles avec votre situation. Mais est-ce suffisant ? — Oui, ma cousine... — J’ai peur que vous ne vous débilitiez. Je ne pense pas que vous ayez éprouvé quelque amertume des