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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

suit cette conversation. Telcide, déconcertée, s’agite sur sa chaise. Elle tourne à droite, à gauche :

— Est-ce bien vous, monsieur Hyacinthe, qui tenez de tels propos ?

— C’est moi-même...

Arlette le regarde. Il lit dans ses yeux la joie qu’il lui procure. C’est elle qui lui a valu ses belles fiançailles. Il veut la contenter à tout prix. 11 n’y a que les timides pour avoir de ces audaces !

— Ah ! s’exclama-t-il dans un soupir qu’il veut décisif, je plains la malheureuse qui épousera Eugène Duthoit...

Cette fois c’en est trop ! En proie à une folle exaspération, Telcide s’est levée.

— Monsieur Hyacinthe, je vous prie de me suivre au salon. J’ai une explication à vous demander... Comme un gros chien qui a commis une faute et qui attend sa punition, le professeur, penaud, suit la vieille demoiselle. Marie tremble de tous ses membres. Ailette éclate de rire, bien qu’elle redoute cette conversation particulière. Seul avec Telcide, M. Ulysse persévérera-t-il dans son héroïque attitude ? Volontiers elle écouterait à la porte du salon. Elle y entendrait ce dialogue :

— Vous ne vous étonnerez pas, monsieur, que votre conduite me paraisse étrange...

— Pourquoi donc ?

— Il y a un mystère...

— Il n’y en a pas... Seulement j’ai réfléchi... Que cherche-t-on dans le mariage ? le bonheur... Que faut-il pour être heureux ? avoir les mêmes goûts, les mêmes rêves, la même éducation... J’ai vu Eugène... J’ai vu Mlle Arlette... Croyez-moi... Ils ne sont pas faits l’un pour l’autre...

— Pardon ! pardon ! j’estime le contraire. Et mon opinion vaut la vôtre.

— Il est impossible que mon neveu plaise à votre cousine...

— La belle affaire !... Vous imaginez-vous que je vais solliciter son avis, à cette petite ?... Elle n’a aucune dot. Nous l’avons recueillie par charité. Elle fera ce que je lui ordonnerai de faire...