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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

— Je l’ai remarqué. — L’homme, qui saura la diriger avec tact, fera d’elle tout ce qu’il voudra. Il pourra la présenter dans les salons les plus difficiles. Elle y tiendra sa place avantageusement. D’ailleurs elle vous plaît. C’est le principal ! Avec fatuité, Eugène répète : — Oui... C’est le principal !... Comme, dans le jardin, les uns et les autres vont et viennent, Telcide et le jeune professeur se quittent. Ils sont ravis, en complices qui n’osent pas se parler de leur projet, mais qui sentent, rien qu’à leur façon de se serrer la main, qu’ils peuvent compter l’un sur l’autre. Eugène est pressé de communiquer à son oncle ses impressions : — Eh bien ! mon neveu ? — Je suis enchanté. Je lui plais. — A la jeune fille ? — Non... à Mlle Telcide... Elle me l’a dit... Elle m’a invité à revenir souvent... — Qui ? la jeune fille ? — Non... Mlle Telcide... Mon poème l’a vivement touchée... Elle l’a fort apprécié ! — Qui ?... la jeune fille ? — Non... Mlle Telcide... — Ah çà, mon neveu ! Vous ne parlez que de Mlle Telcide... Est-ce que ce serait elle que vous voudriez épouser ? — Mais non, mon bon oncle... Seulement je suis psychologue et je connais la chanson :

Pour avoir la fille.
Charmante et gentille,
C’est à la maman
Qu’il faut fair’ du boniment.

— Ah ! gros malin ! — La jeune fille d’ailleurs m’a paru intelligente. Elle a des sautes d’humeur étranges. Ça doit être nerveux. Elle ne m’a pas beaucoup félicité. Elle n’aime peut-être pas la poésie. Mais je la lui ferai aimer... — En somme la chose te paraît conclue ? — Absolument. Avant mon départ je m’arrangerai