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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

— Oh ! merci ! monsieur ! merci... Telcide enthousiasmée s’est levée. Elle serre avec effusion les mains d’Eugène Duthoit, qui, rempli de componction, salue à droite, salue à gauche. Marie montre son ravissement en poussant des petits cris vers son fiancé. Rosalie et Jeanne ne croient pas pouvoir mieux manifester leur admiration qu’en répétant :

— Tel ! Tel ! cide ! cide ! Telcide — U... U... lysse ! lysse ! Ulysse ! — Ma ! Ma ! rie ! rie ! Marie...

— N’est-ce pas que c’est joli, monsieur le Doyen ?

— Oui. En entendant cela, on a l’impression de voir danser des marionnettes...

Arlette est la seule qui ne dise rien. Elle est là comme une étrangère. Dans ce bruit, parmi ces rires, ces interjections, elle n’éprouve aucun sentiment de mépris. Elle ne songe nullement à se moquer des niaiseries qu’elle entend. Eugène est ridicule. Ulysse est grotesque, Telcide est surannée. Jamais comme aujourd’hui Arlette n’a senti le poids de la solitude ! Pour recevoir d’elle un éloge, M. Duthoit lui confie :

— Je prépare, selon le même procédé, un poème à la gloire du parlement. Comme Tel ! Tel ! cide ! cide... Il y aura les noms de tous les députés. Elle répond par politesse :

— Au point de vue artistique, ce sera extrêmement précieux...

Marie, depuis un moment, donne des signes d’inquiétude. Que se passe-t-il ? Il lui semble que le programme doive comporter maintenant la remise de la bague. M Hyacinthe ne paraît pas s’en préoccuper. Il a placé son verre dans son assiette et très sagement, la pointe de la serviette enfoncée dans son col, il trempe un biscuit dans un Moulin-à-vent que Jeanne lui a signalé en prétendant qu’il « lui en dirait des nouvelles »...

— Monsieur le Doyen, s’écrie alors Telcide, ne croyez-vous pas que M. Hyacinthe et Marie doivent sceller leurs fiançailles par un chaste baiser ?

— Certainement, ma bonne demoiselle... Que ce baiser librement échangé soit l’affirmation, devant Dieu, de leur désir d’être chrétiennement heureux !...