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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

Le dîner est fixé à midi et demi pour que M. le Grand Doyen puisse être libre à l’heure des vêpres. Dès midi, M. Ulysse arrive. Il est en redingote et a, lui aussi, des bottes qui craquent, ce dont il est très fier. Ce sont des bottes à élastiques ! Comme Marie le remercie des fleurs, il lui avoue qu’il aurait préféré lui offrir une corbeille de couleurs moins fades. II n’a jamais aimé le blanc, « qui est trop salissant » ! Mais la marchande lui a enseigné que, pour des fiançailles, on ne fait point autre chose. Il s’est soumis aux usages. Il se soumet toujours !

— Mais comme vous sentez bon, monsieur Hyacinthe !

— C’est mon neveu !

— C’est votre neveu, qui sent bon ?

— Non. C’est mon neveu, qui m’a emmené chez un coiffeur. Il prétend que les jeunes gens se font toujours « bichonner », le matin de leurs fiançailles. On m’a rafraîchi les cheveux, on m’a frisé, on m’a vaporisé avec le Prince de Galles...

— Le prince ?...

— Ainsi se nomme le parfum !... On m’a donné à choisir : « Prince de Galles » ou « Verveine de Ninon ». J’ai choisi Prince de Galles...

— Vous avez eu raison ! Ce doit être un parfum anglais...

— Eugène d’ailleurs ne va pas tarder à arriver. Je l’ai laissé aux mains de ces messieurs les coiffeurs. L’un d’eux lui lavait la tête... Tour à tour Telcide, Rosalie, Jeanne et Arlette viennent féliciter le professeur, dont la corbeille est si jolie ! Arlette, qui est toujours sans nouvelles de Jacques, a bien le cœur un peu gros. Mais elle se domine. Elle ne se doute pas du plan que Telcide a ourdi contre elle. Elle est donc sans méfiance lorsque Ernestine introduit Eugène Duthoit :

— Mesdemoiselles, je vous présente mon neveu, qui est orphelin et membre du corps professoral... Les quatre sœurs saluent.

Pommadé, sentant à dix pas le cosmétique, Eugène Duthoit est petit et sec. Il porte un binocle. Une barbiche roussâtre et une moustache aux pointes roulées