Page:Acremant - Ces Dames aux chapeaux vert, 1922.djvu/206

Cette page n’a pas encore été corrigée
192
CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

CHAPITRE III Pour le dîner des fiançailles, qui a lieu demain, ces demoiselles tirent de leurs immenses armoires de chêne l’admirable damassé que Mme Davernis leur a laissé et qui n’a pas servi depuis trente ans. Des coffres du grenier, elles extraient un service complet de vieille porcelaine d’Arras, blanche aux fleurs bleues, qu’elles tiennent de l’héritage de l’oncle Joachim. Ernestine leur offre de les aider à transporter ces merveilles : — Non, c’est trop délicat... Telcide, qui sait la valeur des choses, se méfie des domestiques brutales. Elle opère elle-même avec la collaboration de Jeanne et d’Arlette. A cette dernière, elle présente ses merveilles : — Vous voyez ces verres de cristal, si légers qu’un mot dit à voix haute les fait vibrer, si clairs qu’un souffle les ternit... c’est le duc d’Estancourt qui les a offerts à notre mère lors de son mariage. Le père de Mme Davernis avait été l’intendant du duc pendant vingt-deux ans. — Et cette argenterie en haut du buffet ? — Nous allons la descendre. Il y a là des cafetières, des sucriers, des salières, des huiliers, des marabouts, des brûle-parfums... — C’est un vrai musée ! — Toute cette argenterie est ancienne. Notez-le. Ce sucrier en forme de corbeille est du dix-huitième siècle, authentique. — On croirait le chapeau d’une marquise de Trianon. — Il faisait partie de la succession de notre cousin,