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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

dupe. Elle ne dissimule pas sa joie et son amour. Mais sa méfiance persiste.

Jacques lui annonçant son intention d’en parler dès le lendemain à son père, elle le prie d’attendre. Est-il bien sûr de lui-même ? Les distractions de Paris, dès qu’il les retrouvera, n’effaceront-elles pas dans son cœur le souvenir de la petite provinciale qu’elle est devenue ?

— Jacques, je vous aime, je ne vous le cache pas. Je vous aimerai toujours. Mais je vous demande de réfléchir. Ma famille n’est pas très assortie avec la vôtre. Je n’ai pas de dot. Je n’ai pas de château. Il est indispensable que vous soyez bien certain de ne jamais rien regretter de tout cela ?

— Je vous le jure.

— Dans trois mois vous reviendrez ici pour les grandes vacances. Si votre dessein est demeuré le méme, vous me retrouverez… Jacques… mon cher Jacques… je vous adore…

Il l’a prise dans ses bras, et, contre sa poitrine, il sent son cœur battre.

— Et jusque-là ?… demande-t-il.

— Vous m’écrirez… J’ai trouvé le moyen…

— Maligne !

— Vous m’adresserez des cartes postales que vous signerez « Jacqueline ». Si on m’interroge, je dirai : « Jacqueline ? c’est une amie d’enfance. »

— Je vous écrirai tous les jours.

— Soyez prudent…

— Oui, ma petite fiancée !

— Mon Jacques !…

Quelques minutes plus tard, Arlette et Marie reviennent ensemble, toutes deux très joyeuses, ne doutant plus de la réalisation prochaine de leur rêve réciproque :

— Qu’avez-vous fait pendant ce temps ? s’inquiète Marie.

— Ma cousine, répond Arlette, je n’ai aucun secret pour vous. Pendant que vous étiez avec M. Hyacinthe, j’étais avec Jacques de Fleurville.

— Le fils du ?…

— Lui-même…