Page:Acremant - Ces Dames aux chapeaux vert, 1922.djvu/161

Cette page n’a pas encore été corrigée
147
CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

faufile, coud. La cousine Marie est fort intéressée par son travail. C’est pour elle une nouveauté. Elle se demande quelle merveille va jaillir de ce coupon soyeux :

— Croyez-vous que ce sera bien, petite cousine ?

— J’en suis persuadée… Au lieu de votre vilaine mousseline, il vous faudrait une robe comme celle-ci…

— Je n’oserais pas la porter.

— Songez que M. Hyacinthe vous regardera passer. Il est indispensable que vous soyez belle…

— Oui… mais comment Arlette est arrivée à ce résultat que Marie ne lui cache plus ses sentiments. Elle ne lui dit rien encore du roman passé, mais elle avoue qu’un roman futur la comblerait d’aise :

— Eh bien ! ma cousine, c’est très simple… Demain matin je vous habillerai moi-même.

— Que dira Telcide ?

— Elle ne dira rien, car elle ne s’apercevra de rien. Elle constatera uniquement que vous êtes beaucoup mieux, mais elle ne saura pas pourquoi. Vous aurez la même robe qu’elle, mais vous serez élégante. Vous serez coiffée comme elle, mais vous serez gentille. Seulement…

— Seulement ?

— Je vous aurai donné la manière…

— Oh ! merci…

La vieille demoiselle pose sur la joue de la jeune fille un baiser maladroit, mais si sincère…

À six heures et demie, avant le souper, Telcide fait comparaître Arlette :

— Soumettez-moi votre fameuse robe.

— Volontiers !

Arlette la revêt. L’étoffe légère tombe autour d’elle comme une neige. C’est une toilette très simple, délicatement drapée, sans garnitures stupides, sans plis grossiers…

— Voici, ma cousine… Comment me trouvez-vous ?…

— Ma chère enfant, vous êtes ridicule ! On n’assiste pas à une procession en robe de théâtre. Vous serez punie.

— Punie ?