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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

— Non, non… Au contraire…

Comme elle se lève, ils s’éloignent tous les deux dans la direction du rond-point d’où l’on a une vue superbe. Mais, arrivés là, ils tournent à droite sans même regarder le panorama…

Après le thé, sur la pelouse, les matches recommencent. Le soleil descend. Ses derniers rayons jettent des lueurs rouges dans les arbres où les merles sifflent. Des brumes violettes roulent dans les buissons.

Jacques vient en courant présenter ses hommages à Arlette. Il lui baise la main et s’excuse de devoir partir aussi vite. Comme Clotilde ne reparaît pas, il y a tout lieu de croire que la paix est faite entre les deux fiancés et qu’ils s’en vont ensemble.

Une demi-heure plus tard, à leur tour, ces demoiselles Davernis prennent congé. Elles veulent être chez elles pour l’heure du souper. Elles sont ravies, absolument ravies de leur excursion. C’est sans aucune arrière-pensée qu’elles permettent à Arlette de demeurer quelques jours au château. Mme Barthier-Wisques les a conquises à la fois par sa distinction et sa simplicité…

Lorsqu’elles remontent en auto, elles ont gagné une telle assurance qu’on les croirait propriétaires de la voiture.

Jessy et Arlette, debout sur la terrasse, leur font des signes d’adieu avec leurs mouchoirs. Quand elles ont disparu, Arlette crie en jetant en l’air sa raquette ;

— Enfin, je respire !…

À tout autre moment, Jessy demanderait à son amie les raisons de cette exclamation, mais elle a hâte de lui raconter autre chose :

— Tu as vu, tout à l’heure, lui dit-elle, Clotilde de Poulbaques, que nous invitons parce qu’elle est de nos voisines. Je ne sais pas comment tu la trouves. À moi, elle me déplaît souverainement.

— À moi aussi…

— Parce que sa noblesse remonte au déluge et parce qu’elle est riche, elle se croit permis d’avoir un caractère exécrable…

— Je m’en suis aperçue…